lundi 15 mai 2006

Vous voulez voir un film bien ?

Allez donc voir Inside Man, de Spike Lee, vous m'en direz des nouvelles. A la sortie de ce film je me suis dit : il y a des gens qui ont du talent pour le cinéma. Ca existe, alors pourquoi toutes ces nullités, ces blockbusters exorbitants, ces bouses même alors qu'il suffirait de ne garder que les bons réalisateurs et les bons acteurs, on les reconnaît tout de suite, et leur donner en priorité les budgets et les moyens qu'il faut ?
Ce à quoi Lionel P. m'a rendu (en français, et non pas en akkadien, il n'avance pas très vite) : les bouses sont ce qui se vend le mieux.
Certes.
Puis il a ajouté : "de toute façon, dans quelques années, il n'y aura plus de cinéma, les gens en auront marre de voir tout le temps la même chose, ils vont se blaser et ne viendront pas".
Sur le coup, je me suis demandé la chose suivante : toute cette surenchère d'effets spéciaux, cette escalade dans le superlatif (quand on a sauvé l'univers quarante-six fois, que peut-on sauver de plus important, de plus grand, de plus beau ?), alors que les intrigues tiennent toujours sur un carré de pq, les gens vont-ils en être blasé ? Un jour, rira-t-on dans les salles obscures du ridicule enflé de certains films surstéréotypés ? Ca a peut-être déjà commencé : dimanche il y a deux semaines, je suis allé voir Mission Impossible 3. En fait la mission était possible, je vous rassure tout de suite. Comme dans le 1, la fin voyait un hélicoptère exploser dans le tunnel sous la manche avec Tom Cruise qui s'en échappait trois millièmes de seconde avant et que la fin du 2 devait être toute aussi nytroglicérinée, les scénaristes du 3 se sont vus confier la tâche du siècle : faire encore plus. Ils se sont beaucoup grattés la tête et ont trouvé. Ils ont fait mourir Tom Cruise. Enfin, il est rescucité quelques secondes après mais sur le coup, il était en arrêt cardiaque et tout le tralala. Je vous explique la situation :
Il vient de tuer le gros méchant, mais d'outre-tombe il ricane bien l'affreux, car avant de partir il a laissé dans le cerveau de ce malheureux scientologue une mini bombe qui va bientôt s'enclencher (elle y va progressivement d'ailleurs, ce qui est très con, vous en connaissez beaucoup des bombes qui se déclenchent progressivement ?). Ce qu'il faut savoir c'est que dans cet opus Tom Cruise est marié. Et oui, c'est ça l'originalité du film. Et devinez à qui ? Je vous le donne en mille : à une infirmière. C'est fou ça, les héros hillywoodiens ne sont jamais mariés à des trapézistes, des femmes de ménage ou des gardiennes de prison. Or donc, il est mariée à une infirmière qui est à ses côtés lors de la dernière scène où il zigouille tout le monde (ça se passe à Shangaï allez savoir pourquoi). Elle avait été prise en otage la pauvre. Elle est maintenant libérée et dit : "ça alors mon chéri, tu n'es pas fonctionnaire au ministère des transports ! Je tombe des nues, allons rentrer dans notre beau et grand pays fêter ça". Oui mais non, car le gaillard a une bombe dans la tête. O non c'est trop horrible ! Que faire ?!!! Et là, idée de Tom Cruise qui a une drôle de vision du bricolage électrique : "chérie : je vais mettre les doigts dans la prise, ça va court-circuiter la bombe, et ensuite tu me ranimeras". La fille a à peine le temps de dire "mais c'est de la folie" que son espion de mari est par terre et ne répond plus allo tango charlie vous me recevez ?
L'heure est grave. Elle se met au massage cardiaque. Elle compte jusqu'à cinq puis recommence (parce que plus loin, le public lâcherait). Musique lourde. Le temps se ralentit. Le spectateur retient son souffle. Ca fait bien deux minutes qu'elle s'excite comme ça. La musique fait des trémolos mon Dieu faites que ça s'arrête. Elle commence ç se décourager. Non ! non ! c'est trop injuste ! De rage, elle blasphème, (c'est vous dire où on en est) et tape du poing sur le thorax de son mari que tout le monde croit mort c'est terrible comme sur un punching ball.
Et là ! au bout du cinquième coup, alors que tout espoir était perdu, l'ami Tom Cruise jaillit l'arme au poing plus vif que jamais prêt à tuer le moindre sino-arabo-terroriste d'une balle entre les deux yeux. C'est complètement surréaliste et là, mesdames et messieurs, grand moment : le public exclaffe de rire tellement c'est grotesque.
Tremblez messieurs les producteurs ! L'heure est peut-être bientôt venue.

Je vous laisse, je vais à la piscine.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah, merci, tu viens de m'économiser le prix d'une place de ciné pour aller voir MI3 ! En plus je suis certaine que c'est mieux raconté par toi !

T'inquiètes pas, les gens vont pas arrêter au cinéma : une fois que tous les scénarios auront été épuisés, on recommencera à peu près les mêmes films mais en 3D (wa la classe !) ou en films d'animation ! ! !

Anonyme a dit…

Juste pour appronfondir mes propos rapportés par Sèb sur le fait que les gens n'iront plus au cinéma:
Je pense en effet que les gens vont finir par se lasser de voir des explosions en série permanentes et des films ou tout est au superlatif. A mon avis, le phénomène allant empirant (il n'y a qu'à regarder les bouses bourrées d'effets spéciaux en série qui sortent en continue, sans scénario ni rien), le public va finir par se lasser. Il souhaitera, après ce débacle de trucs sans aucune réalité, quelque chose de "réel", de "tangible", de "concrêt".
Brèf, d'ici 10 ou 20 ans, on reviendra au théatre, avec des vrais acteurs et du "réel".