samedi 25 février 2006

La quête du Graal n'était qu'un gag


Ce disque est une merveille. Je viens de le (re)trouver chez Gibert, modeste disquaire du boulevard Saint-Michel au lieu-dit "Paris", quelque part en Europe occidentale, au nord de Lyon. Climat océanique détestable, plaine. RAS.
Pour 10 euros et des poussières (je vous rassure, je n'ai pas ramené de la poussière de chez moi pour rétribuer le vendeur), j'ai pu rentrer en possession de ce cet enregistrement fabuleux qu'on m'a dérobé il y un an et demi maintenant.
Oui, lecteur, tu as bien lu : dérober.
Ciel ! Au voleur ! A l'assassin !
Ma cassette ! Non, mon cd !
Rien que d'y penser, j'en blêmis encore.

C'était en juin 2004. Il faisait beau, il faisait chaud. Mais Paris ne sentait pas le sable chaud.
J'étais enfin en vacance et des horizons enchanteurs s'ouvraient à ma vue : la Creuse, l'Ardèche, l'Ariège, la Lozère... Et je ne faisais même pas une thèse sur la diagonale du vide !

Cependant, avant l'exode, je devais m'occuper des mes effets personnels parisiens. Comme j'aime les défis en matière de trimballage de sacs, malles, et autres bagages variés dans les métros lyonnais, parisiens (les portiques y sont les pires) et munichois (record battu dans cette dernière ville, avec un total de 10, oui, 10 sacs différents, je vous raconterai un jour cette passionante aventure) je décidai de me passer de l'aide de mes chers parents qui auraient dû sinon parcourir 1200 kilomètres aller-retour pour un déménagement que je jugeai superflu.
J'osai donc, et décidai de me débrouiller seul. Attitude qui m'honore, vous en conviendrez.

Il faut savoir qu'il y a dans les méandres du sous-sol de là où j'habite une "bagagerie" fermée à clé censée abriter pour l'été les affaires des gens pour qui Paris-plage est une gentille chose à regarder à la télé après une saine balade dans les Alpes. Je me suis dit :"sébastien, c'est fait pour toi !". Je vais ramener à la maison le strict nécessaire, brosse à dent et maillot de bain, et ce qui n'est pas indispensable, je l'encartonne et le mets en sécurité dans ces profondeurs.
Je fis donc mes bagages qui s'avèrèrent plus fournis que l'énumération précédente. C'est qu'il faut aussi s'habiller l'été. Je parlerai des FKK plus tard. J'avais presque fini et devais m'occuper de ma collection de cds amassée au fil du temps que d'aucuns m'envient (surtout les Prokoviev). Là j'ai un doute sur d'aucuns, c'est singulier ou pluriel ?
Je n'avais bien sûr pas la place de les prendre tous, et devais donc les trier. Qu'allais-je écouter cet été-là ?
Le choix fut grandement facilité par le fait que pour moi, la musique est très liée à la saison à laquelle je l'ai écoutée pour la première fois. Il y a donc des disques que je n'écoute que l'été, d'autres que l'hiver. De même, il y a des cds de rentrée de septembre, de rentrée de janvier...
Il était donc inutile de prendre des disques d'hiver, et j'ai choisi quelques disques estivants pour les emporter avec moi.
Je mis les autres dans un carton que je scellai à tout jamais.

C'était la dernière fois que je les voyais.

Je descendis le carton dans la bagagerie que je quittai, fermant la porte pour deux mois (s'imaginer ici la scène finale d'Idiana Jone et l'arche perdue).

Ici, deux mois de vacances. Très bonnes merci et vous ?

Je reviens en septembre. Il faut bien sûr réinstaller tout ce qu'on a soigneusement empaqueté deux mois auparavant. C'est d'un pénible !
Je remonte toutes mes affaires de la bagagerie. Et là, horreur : les cds ont disparu.
Il n'en reste plus qu'un : quatre sonates de Beethoven par Alfred Brendel. Ce qui tend à prouver que mon receleur est un peu stupide. Il avait quand même dérobé pas mal de chef-d'oeuvres.
A ce stade petite précision importante : le lecteur perspicace (moi pas les ...) aura compris que ces disques sont pour l'immense majorité d'entre eux des enregistrements de musique classique dont je suis féru. Je n'écoute pas que ça bien évidemment, mais j'ai des principes moi monsieur, à part le classique, je télécharge tout.
Je rigole, mais déjà que les ventes de classique baissent, si en plus j'arrêtais d'en acheter....
Bon bref, j'étais tout déconfi avec mon carton vide et mes yeux pour pleurer. Tout un édifice disparu.
Bien sûr, il ne fallait pas compter sur le directeur de là où j'habite, ni sur une quelconque assurance et se rendre à l'évidence, je ne les retrouverai jamais.

Une telle perte en aurait anéanti plus d'un, mais je suis solide. Un homme d'action. Je ne mets pas trois heures à choisir le parfum des compotes que je vais prendre quand je suis à Franprix.
Je me suis alors juré que ces cds qu'on m'a volés, au cours de mon existence je les retrouverai tous, et qui plus est à bas prix !
Depuis, j'erre chez Gibert à la recherche de mes cds disparus. Je consulte des grimoires électroniques comme les pages d'ebay ou de priceminister. Je suis seul dans cette quête mais j'ai bien sûr des informateurs, des aides, personnages mystérieux, énigmatiques, qui tiennent à rester évidemment anonymes. Martin L. en particulier, m'a permis de récupérer une pièce d'une valeur inestimable, me faisant approcher toujours plus près du but.
J'en ai déjà récupéré pas mal, et à chaque fois à tout petit prix (autour de 5 euros le cd). Mais je sens que mon entreprise dérange car par exemple, depuis quelques semaines, les prix des cds d'occasion ont dangeureusement augmenté chez Gibert.
A chaque fois, c'est par hasard : un coup les "Sonates et Partitas de Bach par Hilary Hahn", une autre fois les quintettes à corde de Mozart par le quatuor Talich.
Et aujourd'hui, miracle. L'un des meilleurs : LA Messe en ut de Mozart par Philippe Herreweghe.

L'édifice avance. Ce qui était dispersé par des forces occultes se réunit peu à peu. Le monde est sur le point de basculer. Tremblez, voleurs de disques !
Je vous tiendrai bien évidemment au courant de la suite de mes recherches, à moins que vous ne vous en carressiez le nombril avec le pinceau de l'indifférence.
Si tel est le cas, laissez un commentaire, ça me fera tellement plaisir.
Je vous laisse, je vais goûter.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Excellent cet article seb !

Mort de rire !

Bravo !

Fabien