lundi 10 avril 2006

La culture pour les nuls

Contrairement à certains, moi je persévère dans mes idées, même si elles ne sont pas accueillies avec l'esprit d'ouverture attendu. Pour ce faire, il suffit de se dire que les autres sont tous des abrutis. De toute façon, on a toujours raison, non ? Donc c'est les autres qui n'ont rien compris. C'est mathématique.
Or donc (gG. tiens je vais me mettre à créer mes propres abréviations, gG c'est pour grand Gousier), or donc, gG, je poursuis mon exercice d'inculcation de poésie pour les nuls même si personne n'en veut.
Cependant, en ce qui me concerne, j'ai un esprit pédagogue et je sais vendre mes trucs. Je n'irai pas jusqu'à vous faire un powerpoint car il est tard, mais même avec ce handicap, vous allez sentir la différence avec les discours creux habituels. Je vais vous montrer.

Combien de fois vous est-il arrivé au sein d'un groupe, d'amis généralement, de vous retrouver isolé ? Du genre vous n'avez pas envie de vous baigner alors que tout le monde patauge et que vous, vous ne souhaitez qu'une seule chose, c'est lire tranquilement votre blog favori que vous avez imprimé avant les vacances sur la plage? Ou bien encore, aller au MacDO alors que votre entourage farouchement et idéologiquement anti-américain se sent l'âme d'un Bruno J. parti bouter le Big Mac hors du droit du travail français ? Vous vous dites, dans un français légèrement boîteux : c'est tous des cons, c'est moi qu'ai raison. Cependant, votre verve n'étant pas suffisamment travaillée, tout ce que vous arrivez à prononcer pour votre défense, justement, c'est ça : "bande de cons, moi j'irai (ou je n'irai pas, c'est selon), allez tous vous faire ....." Le dernier mot peut varier d'un individu à un autre. Si on disait tous la même chose, la vie ne serait pas drôle.
Bref, vous êtes ridicule et tout(e) rouge. Des années après, tout le monde se souvient de votre petit caprice et c'est un cercle vicieux, vous y allez de plus belle et ça fait rire les autres, et ça vous énerve, et vous saisissez le chandelier et avant même que vous n'ayez réfléchi, il est fiché dans la tête de celui qui rigolait bêtement le plus proche de vous, un certain colonel Moutarde dans la salle de billard.
C'est idiot d'en arriver là.
Heureusement je suis là. (vous avez vu l'effet, vous êtes aux trois-quarts conquis ! )
Alors que faut-il faire pour éviter ce genre de situation ? C'est très simple. Là où ça dérape, c'est quand vous vous mettez à utiliser un langage de charretier. Vous n'êtes pas du tout crédible.
Oui mais vous allez me répondre : dans ces moments là, je suis tellement énervé que je n'ai pas le temps de réfléchir à ce que je vais dire.
Et c'est là toute l'astuce ! Pourquoi réfléchir quand les plus éminents cerveaux français l'ont déjà fait pour vous ?
Vous ne saisissez toujours pas ? C'est somme toute normale (cf paragraphe du haut). Je vais vous expliquer sur un exemple simple.
Mise en situation : reprenons le cas du MacDo. Vous avez faim, vous voulez y aller, les autres pas, ils vous disent d'ailleurs que ça devrait être interdi, vous répondez sacrilège, ils vous disent qu'on devrait poursuivre ceux qui y vont, vous répondez que vous rentreriez dans la clandestinité pour votre big mac adoré de vous, ils vont répondent qu'étant trop peu de résistants, la recette, le savoir-faire (et le savoir-être, on l'oublie trop souvent), les ustensiles et les ingrédients pour les créer manqueraient, et que tôt ou tard vous cèderiez.
Vous êtes acculé. Et là, le mauvais réflexe, c'est :"bande de cons, allez tous vous faire ......".
C'est mal. Répétez plusieurs fois : "bande de cons...", c'est mal. "bande d'abrutis...." C'est mal. Il faut que ça devienne pavlovien.
Essayez plutôt ça :

"Parmi les éprouvés je planterai ma tente.
Je resterai proscrit, voulant rester debout.
J'accepte l'âpre exil, n'eût-il ni fin ni terme,
Sans chercher à savoir et sans considérer
Si quelqu'un a plié qu'on aurait cru plus ferme,
Et si plusieurs s'en vont qui devraient demeurer.
Si l'on n'est plus que mille, eh bien, j'en suis ! Si même
Ils ne sont plus que cent, je brave encor Sylla ;
S'il en demeure dix, je serai le dixième ;
Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là !"

Non, ce n'est pas de vous. Mais les autres ne sont pas obligés de le savoir. Et là, ça les en bouche un coin comme on dit.
Merci qui ? Merci Victor.
Je vous conseille donc de l'apprendre par coeur. Allez quoi, soyez chic, jouez le jeu. On va le faire en deux fois. Ca rime vous verrez. C'est fait exprès.
Alors allons-y :
Parmi les éprouvés je planterai ma tente,
Je resterai proscris voulant rester debout.
J'accepte l'âpre exil, n'eut-il ni fin ni terme
Sans chercher à savoir, et sans considérer
Si quelqu'un a plié qu'on aurait cru plus ferme,
Et si plusieurs s'en vont qui devraient demeurer.

Attention, demain révision.
PS : ça marche aussi si on se moque de vous car vous apprenez l'akkadien et que vous ne faites pas de blog pour en parler.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

MDR

Merci Sebastien pour cet article qui a illumine mon samedi soir un peu brumeux....

Fabien, live from Sydney

séb a dit…

mais de rien, c'est un plaisir
Séb, live from Cluses